Madagascar: le budget santé doit être repensé
7/03/2016 |
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Cette semaine à Madagascar, la Banque mondiale et l'Unicef ont publié leur rapport sur les dépenses publiques allouées à l'éducation et à la santé. Le bilan est accablant. Depuis 2010, les budgets ne cessent de baisser et la répartition des sommes est alarmante. Près de 90% du budget du ministère de l'Education et plus de 50% du budget du ministère de la Santé sont consacrés aux salaires du personnel. Impossible donc d'effectuer les investissements répondant aux besoins vitaux et de développement de la population.
Au centre de santé de base d'Isoutry, un quartier populaire de la capitale, Prisca s'est résignée à faire ausculter sa fille. L'enfant a de la fièvre depuis trois jours. Les consultations sont gratuites, mais pas les médicaments : « C'est plus dur qu'avant. Financièrement, c'est très compliqué et je n'ai pas de mari pour m'aider. Heureusement que ma famille est là pour payer les médicaments ».
Ce sera donc la grand-mère qui payera aujourd'hui pour sa petite-fille. Mais les 3 000 ariarys apportés (l'équivalent de moins d'un dollar) sont insuffisants pour acheter la totalité des médicaments prescrits. Seule la moitié des comprimés seront donc délivrés.
Pour le Dr Lalaorijaona, directeur des études et de la planification au ministère de la Santé, la mauvaise répartition du budget accentue ces situations de grande précarité : « 25% du budget du ministère de la Santé sont alloués au centre de santé de base alors que ces centres soignent 50% de la population ».
Une large part du budget attribué au personnel administratif plutôt qu'au personnel soignant, des centres de santé de base en manque de médicaments, des investissements en matériel quasi inexistants. Le rapport liste les incohérences dans la gestion des dépenses publiques en matière de santé.
« Comment est-ce que l’on alloue un peu mieux le budget actuel ? Non seulement en termes de dépenses salariales et de dépenses d’investissements, mais aussi en termes de dépenses régionales. Des régions rurales ont des dépenses qui sont extrêmement faibles, la moitié voire même le tiers de ce que l’on peut voir dans la capitale », explique Coralie Gevers, la représentante de la Banque mondiale à Madagascar.
C'est donc toute la gestion du « budget santé » qui doit être repensée.
Source: rfi.fr