Madagascar: les défis d’aménagements urbains dans la capitale
22/10/2016 |
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Embouteillages quasi permanents, éclairages publics ou égouts souterrains proches de l’inexistant, infrastructures routières qui datent de l’époque coloniale, avec ses 2 millions d’habitants nichés entre les collines, la capitale malgache fait aujourd’hui face à des défis d’aménagements urbains colossaux, mais nécessaires pour éviter l’asphyxie. Des défis, communs à de nombreuses grandes villes africaines, dont certaines ont déjà trouvé des solutions. Samedi 22 octobre, à l’Institut français de Madagascar, une géographe spécialiste d’Antananarivo a livré une conférence édifiante sur le sujet.
Antananarivo, la « ville des mille collines », où les bâtisses aux façades coloniales surannées côtoient fièrement quelques tours empreintes de modernité, où les 2CV et 4L des années 60 foulent un goudron parfois encore plus ancien. Une ville de contrastes et d’inégalités qu’étudie depuis plus de vingt ans Catherine Fournet-Guérin, enseignante chercheuse en géographie à l’université de Reims.
« Ce qui est frappant à Tana, mais comme dans toutes les villes des pays en développement, c’est vraiment l’extraordinaire rapidité de la croissance démographique, une extension urbaine très importante. Et donc cela crée une pression sur toutes les infrastructures, sur tous les aménagements, qui rend la situation très difficile pour les pouvoirs publics », explique-t-elle.
Une population qui a été multipliée par dix en moins de 50 ans, principalement en raison de l’agrandissement naturel des familles, et non pas, contrairement aux idées reçues, à l’arrivée massive d’une population rurale dans la capitale. « Un certain nombre de grandes villes de pays en développement ont réussi, poursuit la chercheur, en mettant en place des politiques d’aménagement très volontaristes, à améliorer certains domaines, par exemple l’assainissement ou la circulation. Un de ces mécanismes est vraiment d’améliorer l’assiette de l’impôt, c’est-à-dire de faire en sorte que plus de secteurs de l’économie contribuent à l’impôt, ainsi que les ménages, du moins ceux bien sûr qui en sont capables. »
« Aucune ville ne s’est jamais développée grâce à la solidarité des ONG », rappelle la géographe. Seuls les pouvoirs publics sont donc en capacité d’imposer un plan d’urbanisme global et adapté à la réalité de la capitale. Un besoin plus que nécessaire quand on sait que 60 à 80% des Tananariviens vivent désormais dans des conditions très difficiles.
Source:Rfi