Madagascar : Nosy Be retrouve son usine de sucre
18/10/2016 |
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À Madagascar, le groupe Vidzar, célèbre fabricant de rhum de la Grande Île a annoncé la reprise des usines de sucre à Nosy Be (nord-ouest) et Brickaville (est) l’année dernière. La SASM (Société agricole et sucrière de Madagascar), filiale du groupe, gère ces deux sites. 300 personnes ont déjà retrouvé un emploi.
Dans la chaleur moite tropicale, Tongasoa et son collègue, machettes en main, s’affairent entre les grandes tiges de canne à sucre. Il est l’un des employés de la SASM à avoir retrouvé du travail.
« Je m’occupe des plants : je débroussaille. J’ai toujours été journalier. Quand l’ancienne Sirama a fermé il y a 10 ans, on a tous perdu notre travail. C’était dur. J’ai dû partir à Ambilobe à des centaines de kilomètres pour tenter ma chance dans les exploitations de saphir. Je suis revenu quand j’ai entendu que ça ouvrait de nouveau. »
Prudence
Lorsque Vidzar a rendu ses projets publics, la population de Nosy Be craignait une annonce sans suite. Quand l’usine de sucre de canne Sirama a fermé ses portes il y a 10 ans, 3 000 personnes ont perdu brutalement leur emploi. Mais, les premiers champs de cannes ont été replantés. Pour l’instant, seulement 300 hectares sur les 2 400 de la concession. Tongasoa reste donc prudent.
« C’est une bonne nouvelle pour la population de Nosy Be, c’est sûr, mais on ne sait pas encore quand ils vont réembaucher pour l’instant. On entend seulement des rumeurs. Peu de gens ont retrouvé un emploi. L’usine ne fonctionne toujours pas. » Pour l’heure, 300 anciens employés ont retrouvé du travail sur les deux sites.
Dans la friche industrielle aussi on s’affaire : des ouvriers récupèrent ce qu’ils peuvent des grandes machines rouillées. « On est encore dans la phase de démarrage, explique Martin Delannoy, conducteur de travaux. On est en train de refaire la couverture et la charpente. Après on va remettre en place, rénover ou racheter toutes les machines. Il y aura sûrement un musée qui sera prévu, mais pour le moment, on se concentre surtout sur la rénovation pour pouvoir produire du sucre et de l’alcool. »
Entreprise sociale
À terme, il s’agira de produire 10 000 tonnes de sucre par campagne et 30 000 hectolitres d’alcool à la place d’une partie des stocks importés d’Afrique du Sud par le groupe pour la fabrication de son rhum. Mais pour Mamy Rakotoson, directeur technique de la SASM, l’enjeu est aussi social.
« Ce sont des gens qui étaient sans emploi depuis 10 ans, donc on essaie de les accompagner dans la reprise de cette activité. On a réhabilité l’école pour les enfants des ouvriers. La moyenne d’âge des employés est assez âgée, environ 48-50 ans. Nous envisageons donc de créer une pépinière, pour que leurs enfants puissent se former et ensuite prendre la relève. » Les premiers tests devraient commencer fin 2017 pour une production industrielle dès 2018.
Source: Rfi