Madagascar: un rapport alarmant sur l'exploitation des bois précieux dans l'île
19/02/2017 |
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Pour la première fois à Madagascar, une étude au long cours vient d'être publiée sur l'exploitation des bois précieux de l'île. Entre 2009 et 2015, une équipe de Traffic, le réseau mondial de surveillance du commerce de la faune et la flore, a amassé une quantité incroyable d'informations sur le terrain auprès des habitants des forêts, des intermédiaires et des trafiquants de bois de rose, d'ébène ou de palissandre.
Il aura fallu près de deux ans au réseau mondial Traffic pour analyser toutes les données qu’il a collectées et rédiger un rapport. Une base d'informations sur la situation économique, écologique et le système de gestion des bois de rose, d’ébène ou de palissandre.
Dans ce rapport, aucun nom, mais des chiffres, et un résultat alarmant : l'exploitation de ces bois précieux est devenue hors de contrôle. En cinq ans, au moins 350 000 arbres ont été abattus illégalement à l'intérieur des aires protégées et au moins 150 000 tonnes de rondins ont été exportés illégalement, à 98 % vers la Chine.
Impossible de savoir aujourd'hui combien d'arbres au bois précieux poussent encore dans les forêts malgaches, ni combien ont été décimés ces quinze dernières années. Mais avec 350 000 arbres - au moins - coupés illégalement entre 2009 et 2015, dont 50 % entre 2009 et 2011, et grâce aux témoignages de bucherons, Cynthia Ratsimbazafy, l'auteure du rapport Commerce de Bois de Rose et de Bois d'ébène, peut affirmer que les ressources se font rares.
« Les gens qui ont pratiqué la coupe illégale disent qu'en 2009, il fallait juste marcher entre 5 et 10h pour atteindre les sites de coupe, explique-t-elle. Mais depuis 2012, il faut désormais marcher une journée voire cinq jours pour accéder aux mêmes sites. »
Accès difficile aux arbres restants, baisse du prix des bois précieux, augmentation du prix de la vanille, les nouvelles coupes sont du coup devenues plus rares, tout comme comme le nombre d'arrestations des trafiquants de bois précieux. D'après les statistiques, seules 20 % des personnes soupçonnées de tremper dans les trafics passent devant la justice.
« Il faut être prudent dans le traitement des dossiers de bois de rose, donc j'aimerais qu'on ne discute pas de ça », a déclaré au micro de RFI Liva Raminadrarivo, le secrétaire général au ministère des forêts. Entre 2009 et 2015, le rapport estime que les trafics de bois précieux ont créé un manque à gagner de 500 millions de dollars pour l'Etat.
Soirce: Rfi