Un Français tué et brûlé à Madagascar par des tueurs à gages
6/04/2015 |
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« Philippe ? C'était un gars travailleur, qui aimait bien rigoler, mais qui, à 52 ans, en avait assez de vivre seul. » Dominique Rodrigues, garagiste à Raves, parle désormais au passé de son copain de toujours, surnommé Bil et connu de tous dans ce village des Vosges. Philippe Bertrand est mort assassiné à Madagascar, un crime commandité par Sonya, 47 ans, son épouse malgache, qu'il connaissait à peine.
Sans l'opiniâtreté de ses amis et de sa soeur, la disparition de Philippe serait sans doute restée un mystère et ses meurtriers profiteraient en toute impunité de ses économies pillées.
Philippe Bertrand, artisan menuisier, a connu Sonya par les réseaux sociaux en 2013. Elle vit à Madagascar. Belle et chaleureuse, elle se présente à lui comme une ancienne actrice devenue sage-femme et mère de quatre grands enfants. « En 2013, il a fait deux séjours de quinze jours à Madagascar, le deuxième en juillet 2013, c'était pour se marier », se souvient Dominique.
Le menuisier vend tout, son entreprise, sa maison, ses deux voitures et, en mars 2014, il quitte son village pour Antananarivo, la capitale malgache. Les premiers mois, Bil s'affiche enthousiaste au téléphone. Il achète deux restaurants et une jolie villa à Ambohibao, non loin de la capitale. Cette même maison où il sera étranglé et achevé à coups de marteau quelques mois plus tard. Ses amis l'incitent à la prudence quand il leur annonce que tous ses investissements sont faits au nom de sa femme. Il évacue les mises en garde arguant de la difficulté pour un Français d'investir à Madagascar. « Il était comme envoûté », se souvient Dominique.
Brusquement, à la mi-décembre, Philippe Bertrand n'est plus joignable par téléphone. La communication passe alors par Facebook. Mais ce n'est déjà plus lui qui écrit.
Les amis de Philippe et sa soeur maintiennent leur projet de lui rendre visite. Le 6 mars, ils sont quatre à décoller pour Madagascar. Sonya les accueille à l'aéroport. Philippe n'est pas là. Elle leur explique que son mari est en fuite après avoir renversé et tué accidentellement une jeune femme sur la route. Elle assure toutefois que tout va rentrer dans l'ordre parce qu'elle a soudoyé les gendarmes et la famille de la victime.
Les jours passent, l'absence de Philippe, l'attitude de Sonya et de son entourage sèment le trouble. Les Vosgiens joignent l'ambassade. Leur témoignage recoupe la rumeur jusque-là invérifiable d'un Français assassiné et brûlé. Sur la base de ces nouveaux éléments, les gendarmes mènent une enquête éclair.
Le 16 mars, Sonya avoue avoir engagé des tueurs à gages pour supprimer Philippe dont elle avait vidé tous les comptes. Pour 300 €, il a été tué dans sa nouvelle maison dans la nuit du 23 au 24 décembre 2014. Son corps a été brûlé et ses cendres dispersées dans un canal.
Le 24 mars, dix personnes ont été mises en examen pour assassinat et extorsion de fonds. La soeur et les amis de la victime, revenus dans les Vosges, réclament désormais toute la vérité pour Philippe qui pensait avoir trouvé la femme de sa vie. Ils ont créé une association pour collecter des dons afin de financer les frais de justice et un avocat.
SOURCE: LE PARISIEN