Des réformes structurelles pour redresser une économie en berne
12/04/2016 |
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Madagascar a besoin de mener à bon port ses réformes structurelles pour redresser une économie "en berne", plus de deux ans après le retour à l'ordre constitutionnel, a déclaré le ministre malgache de l'Economie et de la Planification, le Général Herilanto Raveloharison, dans un entretien avec Anadolu.
Sept ans après la crise politique malgache (2009), l'économie du pays peine encore à se relever en dépit des efforts consentis par les autorités. Ces difficultés incombent, notamment, à un environnement des affaires non propice à l'investissement privé, dont le taux n'a pas dépassé, en 2015, les 16% du Produit Intérieur Brut (PIB), à la forte dépréciation de la monnaie locale et à l'impact des catastrophes naturelles qui ont frappé le pays, selon Raveloharison, en charge de l'économie dans le gouvernement de gestion des affaires courantes, après la nomination dimanche d'un nouveau Premier ministre.
"La situation économique reste morose. Au cours des quatre dernières années (2012-2015) la croissance s'est située autour d'une moyenne de 3%, contre des prévisions initiales de 5%. Elle a été principalement soutenue par les secteurs des Bâtiments et Travaux Publics (Btp), des industries extractives et du tourisme", a détaillé le Ministre malgache.
Ce taux de croissance, relativement faible, est ainsi imputable à "la faible performance enregistrée par nombre de secteurs clefs", tels l'agriculture qui a accusé un recul de -2,4%, les industries textiles qui ont chuté de -1,5%, les industries agro-alimentaires qui ont reculé de -10,1%.
Selon les données de la Banque mondiale, le pays a enregistré, en moyenne, un taux de chômage de 3.6% ces dernières années. "Un marché du travail à faible taux de chômage mais caractérisé par un sous-emploi et un emploi informel d’un niveau très élevé", commente un rapport du Bureau International du Travail (OIT).
Le taux d’inflation s'est situé autour de 7,4% en 2015 contre 6,1% en 2014, a ajouté le Ministre, précisant que cette inflation a été provoquée par la hausse des prix du carburant à la pompe, la hausse de la masse monétaire de 14,5% causée par une augmentation de 37,3% des créances nettes sur l’Etat et d’une augmentation de 21,3% des avoirs extérieurs nets.
En outre, "l'économie n’a pas encore pu décoller comme on s’y attendait à cause de la faiblesse des financements extérieurs attribué au pays, ne permettant pas la relance économique à travers les investissements publics", a précisé la ministre. Par ailleurs, le pays a souffert, depuis 2015, des impacts du passage des cyclones, avec sécheresses, inondations et famine qui ont frappé l'île.
Pour inverser la tendance de ces indices économiques, la conduite de réformes nécessaires, insufflés notamment par les organisations internationales, est nécessaire. Relever l'économie malgache passera, selon la dernière mission du Fonds Monétaire International (FMI) en visite au pays au mois de mars dernier, par "l’amélioration de la composition des dépenses publiques et des réformes structurelles telles que l’optimisation du climat d’investissement et la lutte contre les transferts et les subventions coûteux à l’Etat". Le Ministre malgache a affirmé, pour sa part, que "les objectifs indicatifs et repères structurels du programme de référence conclus avec le FMI sont majoritairement atteints dès la fin de décembre 2015".
La mission du FMI a d'ailleurs relevé que les réformes sont "en bonne voie" mais signalé que "le problème de la gouvernance et de la corruption restent les domaines à améliorer".
Le gouvernement a également engagé des réformes dans les domaines clefs de l'économie dont celui agricole à travers, le développement de l’irrigation, l’augmentation des investissements en faveur des centres de formation, le développement de la recherche en vue d’améliorer les semences de base, la contribution à la sécurisation foncière à travers la multiplication des guichets fonciers et la délivrance des certificats fonciers.
Au niveau de la coopération extérieure, le Ministre estime que Madagascar "peut s’orienter vers le développement de marchés tel que l'AGOA, (African Growth and Opportunity Act; exportation vers les Etats-Unis) afin de pouvoir bénéficier des avantages tarifaires notamment en matière de droits de douanes (tarif zéro à l’exportation pour être plus compétitif). Par ailleurs, les opportunités offertes par les accords régionaux comme le COMESA (Marché commun de l'Afrique orientale et australe), SADC (Communauté de développement d'Afrique australe), et COI (Commission de l'Océan Indien) devraient être exploitées afin d’augmenter à la fois la production et les exportations.
La coopération entre pays de l’Océan Indien est encore à développer, a enfin estimé le ministre, ajoutant qu'étant la plus grande île dans l’Océan indien, Madagascar devrait pouvoir subvenir aux besoins de toutes les îles voisines pour être le « Grenier de l’Océan Indien » notamment en produits de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche ainsi que les produits de l’artisanat et les produits textiles.
Toutefois, la production locale semble être insuffisante tant en quantité qu’en qualité et les débouchés sont difficiles à satisfaire par les opérateurs nationaux. C’est là que l’Etat doit intervenir pour appuyer le secteur privé dans la recherche, l’organisation et la réglementation des marchés extérieurs potentiels afin que l’économie malgache puisse en bénéficier et permettre aux populations de relever leurs revenus à travers les emplois créés.
Source: A