Emeute à Maroantsetra – Le tribunal cède de nouveau à la pression
5/03/2016 |
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Pour la seconde fois, la justice libère des prévenus arrêtés pour homicide. Elle fléchit face à des émeutiers qui prennent pretexte de la vindicte populaire pour attaquer ses locaux.
Le tribunal semble à chaque fois jeter l'éponge, à Maroantsetra, face à une foule qui veut dicter sa loi. Jeudi, une émeute s'est soldée par des actes de vandalisme contre le palais de justice. à la suite de quoi, le tribunal s'est rétracté sous la pression du public. Il a relâché un éleveur bovin placé sous mandat de dépôt la veille, pour vindicte populaire.
C'est la seconde fois que cet individu échappe à la prison. En novembre 2014, une foule furieuse avait assiégé le tribunal après son arrestation, avec quatre autres personnes, pour le lynchage à mort d'un présumé voleur de bÅufs. Celui-ci avait été appréhendé par le fokonolona.
Jeudi, des dossiers ont été brà»lés lorsque l'émeute a embrasé le tribunal.
Une centaine d'individus enragés se sont déchaînés sur le palais et ont également fracturé les portes. Un gendarme se trouvant sur place a été agressé par les émeutiers en colère. Il était en train d'escorter un suspect, traduit devant le parquet pour banditisme, lorsqu'ils se sont jetés sur lui. Sans tarder, il a averti la compagnie territoriale de la gendarmerie à Maroantsetra, qui a rapidement envoyé du renfort.
Jusqu'à hier, aucun des auteurs de l'agression, ni des actes de vandalisme dont le tribunal a fait les frais, n'a fait l'objet d'arrestation.
Faiblesse du parquet
à l'origine de toute cette violence, le vol de bétail, suivi de vindicte populaire en 2014, qui avait mis en ébullition le quartier de Sarodrano, dans la ville même de MaroanÂtsetra.
Les cinq personnes poursuivies pour homicide, dont le propriétaire des bÅufs volés, avaient été présentées devant le parquet, après la justice populaire qu'elles avaient exercée. Sous la pression, le juge d'instruction les avait relâchées.
Plus d'un an après, après que le procureur a été remplacé, voilà que la poursuite pour meurtre, mise en sourdine, est remise sur le tapis. Lundi, un ordre transmis venant du tribunal est parvenu à la gendarmerie.
L'éleveur victime de vol d'une part, et un proche du défunt d'autre part, ont été, de ce fait, entendus. Présentés devant le parquet mardi, au terme des enquêtes préliminaires, le premier a été placé sous mandat de dépôt. Le membre de la famille de l'individu battu à mort par le fokonolona, qui s'est constitué partie plaignante, semblait du coup avoir obtenu gain de cause.
Les nouvelles sur l'incarcération de l'éleveur se sont entre-temps répandues comme une trainée de poudre.
Après avoir rameuté leurs rangs, les sympathisants de l'éleveur jeté en prison ont demandé des explications à la gendarmerie. Celle-ci leur a signifié que c'était une décision judiciaire qui avait été exécutée. Le lendemain, ils se sont rabattus sur le tribunal. Dans cette atmosphère délétère, les gendarmes intervenus sur les lieux se sont gardés de faire usage de leurs armes. Des pourparlers ont été entamés.
La vive tension a baissé d'un cran lorsque le prévenu a été remis en liberté.
Ce jour, l'Organe Mixte de Conception (OMC) du district de Maroantsetra et les notables organisent une rencontre avec la population. Ils lanceront un appel au calme et annonceront une campagne de sensibilisation contre les actes de banditisme.
Source: FB Malagasy Tia Tanindrazana