Le Syndicat des artistes médiateur dans «l'affaire Facebook»
23/02/2017 |
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C’est la suite de « l'affaire Facebook » à Madagascar. Depuis le 4 février, l'un des administrateurs d'un célèbre groupe Facebook de « potins » sur les stars malgaches est en prison. Motif : il est accusé de diffamation et d'incitation à la haine. Le problème est que ce n'est pas lui qui a rédigé les posts insultants sur le réseau social, mais bien des membres de ce groupe. Quelle règle juridique s'applique dans ce cas-là ? Doit-il endosser la responsabilité d'écrits qui ne sont pas les siens ? Le sujet fait polémique sur la toile malgache. Mercredi 22 février, alors que l'affaire a pris un nouveau tournant, le Syndicat des artistes malagasy qui compte parmi ses membres plusieurs victimes d'insultes, a endossé le rôle de médiateur entre les plaignants, l'accusé, et la justice malgache.
Voilà vingt jours que Hiary Rapanoelina, l'administrateur du groupe Facebook « Fifosana hanatsarana ny pipoles gasy », est en détention provisoire à la prison d'Antananarivo. Une dizaine de plaintes pour diffamation et incitation à la haine ont été déposées contre lui. Mercredi, sa femme a été présentée au Parquet puis remise en liberté conditionnelle : l'enquête a montré qu'elle était aussi co-administratrice du groupe. Tous deux ont présenté leurs excuses par écrit à chacune des personnes insultées.
Depuis quelques jours, le Syndicat des artistes s'est emparé de l'affaire et fait en sorte que tous les artistes concernés retirent leur plainte. Ce 22 février, la médiation a quasiment abouti car une seule plainte, celle d'un député, était encore inscrite.
« On est en plein combat pour la dépénalisation des délits de presse, témoigne le chanteur Rossy, porte-parole du Syndicat. Donc on ne veut pas que ce soient des artistes qui ouvrent la voie à toute dérive qui consiste à emprisonner tous ceux qui parlent ou qui émettent des idées contraires aux autres sur Facebook. »
Pour Lalatiana Rakotondrazafy, journaliste et leader du parti d'opposition Freedom, l'enjeu du débat se situe aussi dans l'interprétation du droit : « C'est là le débat, en fait. On peut effectivement se dire qu'il y a un vide juridique dans le droit malgache concernant la qualité d'un administrateur en terme judiciaire, mais la justice a décidé d'assimiler l'administrateur à un directeur de publication, donc responsable pénal. »
Malgré les désistements de plaintes, la procédure pénale va continuer. Si les juges se basent sur la nouvelle loi de communication, les époux Rapanoelina encourent une amende d'1 à 10 millions d'ariary (300 à 3 000 euros). Leur audience est prévue le 28 février prochain.
Le Syndicat des artistes en appelle à l'indulgence des juges. Il souhaite par ailleurs que des cours sur le fonctionnement des réseaux sociaux soient enseignés à l'école, pour que les enfants soient conscients, dès leur plus jeune âge, des responsabilités qui leur incombent quand ils postent des commentaires sur le net.
Source:Rfi