Vol de bétail à Madagascar: l’armée accusée d’exécutions sommaires
5/09/2015 |
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L’armée malgache est accusée d’avoir commis des exactions dans le cadre de l’opération lancée au début du mois d’août contre les dahalos, les voleurs de bétail. Huit militaires ont été tués la semaine dernière dans une embuscade, et depuis, plusieurs civils ont été tués dans des circonstances troubles.
Madagascar est en proie à une vive polémique, après des accusations portées contre l’armée. Des militaires sont soupçonnés d’avoir commis des exactions dans le cadre de la vaste opération lancée il y a trois semaines contre les dahalos, les voleurs de zébus qui sévissent dans les zones rurales. Certains parlent même d'exécutions sommaires, qui seraient intervenues après la mort de huit militaires, tombés dans une embuscade le 26 août.
Difficile, cependant, de savoir combien de civils ont été tués par les militaires ces derniers jours. Le journal L'express de Madagascar parle d'au moins 14 exécutions sommaires en début de semaine dans le district de Manja et de Sakaraha. « Quatorze personnes ont été fusillées dimanche et lundi », écrit le journal dans un article publié ce jeudi 3 septembre.
Plusieurs sources contactées par RFI confirment qu'il y a eu « plusieurs bavures » en marge de la mission baptisée « Fahalemana 2015 », la plus vaste opération depuis plus de dix ans pour laquelle un millier d'hommes ont été déployés dans le pays depuis la mi-août. Mais les informations ne parviennent que par bribes de ces régions reculées. « Il faut encore recouper pour vérifier si c'est vrai ou non », insiste ainsi Rasamoely Andrianirainy, président de la plateforme des organisations pour les droits humains. Et si ces morts sont confirmés, « est-ce par vengeance, ou est-ce vraiment des auteurs [de vols de bétail, NDLR] ou est-ce des victimes innocentes ? »
Les autorités militaires affirment que deux civils ont été tués, dans des circonstances à éclaircir. « Je ne peux pas me prononcer encore, s'il y a eu des exactions oui ou non. J’attends le rapport des émissaires envoyés sur le terrain pour vérifier les réalités », explique le général Béni Xavier Rasolofonirina, chef d'état-major. Mais, déjà, le général Rasolofonirina soupçonne les réseaux mafieux de trafic de zébus de « diffuser de fausses nouvelles » sur l'opération militaire.
« Il y a des groupes d'intérêt qui se sentent perturbés et qui cherchent donc à nous salir, sans preuve. Nous touchons là à des choses sensibles, entre autres ces groupes d'intérêts, composés de simples citoyens, d'élus et de fonctionnaires de l'Etat », explique le général. Les forces de l'ordre sont aussi souvent pointées du doigt par la population, et accusées de participer à ce trafic mafieux. Jusqu'à maintenant, aucune des têtes du réseau n'a été inquiétée.
Source: rfi.fr