Affaire Ambohimahamasina – Le parti HVM garde ses distances
24/12/2016 |
3200 |
Commentaires Facebook
Sur la résistance de Claudine Razaimamonjy face au Bianco, les Bleus refusent l’amalgame entre la personne et le parti.
Désolidarisation. Les propos de Rivo Rakotovao, ministre auprès de la Présidence en charge de l’Elevage et président national du parti « Hery vaovao ho an’i Madagasikara » (HVM), ne l’étaient pas vraiment. En tout cas, le parti au pouvoir ne souhaite pas être happé par l’affaire de détournement de deniers publics, dans la commune rurale d’Ambohimahamasina.
Dans cette affaire, pourtant, Claudine Razaimamonjy, opératrice économique ayant ses entrées à la présidence de la République et cador des Bleus dans la province de Fianarantsoa, a délibérément refusé de répondre à deux convocations du Bureau indépendant anti-corruption (Bianco). En marge d’une cérémonie de remise d’aide aux démunis, à l’occasion des fêtes de fin d’année, hier, à Antanimena, le numéro un du HVM a été questionné par la presse sur l’impact des arrestations de personnalités politiques sur l’apaisement.
« Personne n’est au-dessus de la loi, comme personne ne peut transgresser ou s’opposer à la loi sans être inquiété. La loi est faite pour tout le monde et s’applique à tout le monde. La politique, ou l’appartenance à un courant politique ne doit pas être utilisé comme argument pour éviter l’application de la loi », a déclaré Rivo Rakotovao. L’avis du président du HVM sur la résistance de l’une des leurs aux convocations légales faites par un organe de contrôle du respect de la loi a, ainsi, été demandé.
« La loi est impersonnelle et s’applique à tous. Ce n’est pas qu’une affaire doit déteindre sur l’entité d’appartenance de la personne exposée. Cela ne concerne pas le HVM, si quelqu’un ne souhaite pas être inquiétée, qu’elle ne fasse pas de chose contraire à la loi », a répliqué le ministre auprès de la présidence en charge de l’Agriculture. Se jouant, probablement, du système, Claudine Razaimamonjy, semble, pour l’heure ne pas être inquiétée par l’affaire Ambohimahamasina.
Indifférence
Dessaisi du dossier dès son transfert à la Chaîne pénale anti-corruption (CPAC), le Bianco n’a plus la main sur l’affaire sauf, en cas de délégation judiciaire du tribunal. Ce qui n’est pas encore le cas, aux dernières nouvelles. Le sénateur Riana Andriamandavy VII, élu à Fianarantsoa, et beau frère de l’opératrice économique, a même donné une dimension institutionnelle et étatique à l’affaire, en pointant du doigt la gestion du dossier par le Bianco et en demandant la démission du directeur général de cet organe, en pleine séance de questions-réponses entre le Sénat et le gouvernement.
L’attitude de la personnalité concernée et du parlementaire, dans l’affaire Ambohimahamasina a attiré l’ire du comité de pilotage de la réforme de la stratégie nationale de lutte contre la corruption. « Non ! Ce n’est pas acceptable que des personnes qui, dans un pays normalement constitué, devraient s’expliquer devant la Justice demandent des comptes (…) que ceux qui ont des choses à se reprocher ou leurs proches, fassent preuve d’autant d’arrogance et cela dans l’indifférence quasi-totale des pouvoirs publics et de la population. (…) La justice de son côté, se fait plus que discrète », a-t-il vilipendé, en pleine célébration de la journée internationale de lutte contre la corruption.
Ce dossier de détournement qui concerne les subventions spéciales de treize communes rurales. Rien que celle destinée à Ambohimahamasina s’élève à 396 millions d’ariary. Bien que le HVM, par la voix de son président national, souhaite prendre ses distances avec le sujet, difficile ne pas faire le raccourci entre l’opératrice économique et la formation au pouvoir, voire le pouvoir tout court.
Malgré la tourmente médiatique, Claudine Razaimamonjy a trôné à la tribune du congrès régional du HVM à Fianarantsoa, aux côtés des autres ténors des Bleus au sein du gouvernement, de la présidence de la République et des Chambres parlementaires, dont son beau frère de sénateur. Comme quoi, le désaveu n’est pas dans les plans. Le ministre Rakotovao, par ailleurs, a contourné une question concernant une éventuelle mesure prise par le parti au pouvoir dans cette affaire, soutenant juste qu’il faut laisser les entités en charge de l’application de la loi, travailler. Une pirouette classique pour bâcler un sujet délicat.
Garry Fabrice Ranaivoson
Source:lexpressmada.com