Hery Rajaonarimampianina : « Madagascar a besoin de 10 milliards de dollars pour décoller »
27/09/2016 |
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Président de la République malgache depuis janvier 2014, Hery Rajaonarimampianina a pris la tête de l'un des Etats les plus déshérités au monde (92 % de taux de pauvreté selon la Banque mondiale).
Depuis, Madagascar a consolidé ses institutions avec la création d'une cour de justice et du Sénat. L'île vient de renouer avec le FMI, qui lui a accordé un prêt de 310 millions de dollars sur trois ans et cherche désormais des investisseurs pour accélérer son développement.
Vous venez de créer une agence pour le développement économique, qu'en attendez-vous ?
Ce dispositif est créé dans la vision d'une francophonie économique. Ce doit être un outil de mobilisation de l'espace francophone au service du développement.
Le thème du prochain sommet de la francophonie, que nous hébergeons, est d'ailleurs celui de la croissance partagée et du développement responsable. Il y a là un réservoir de leviers au niveau financier comme en termes techniques.
Cette agence s'occupera de l'identification de nouveaux projets, de leur financement et de leur réalisation. Les secteurs prioritaires sont l'agrobusiness, les énergies vertes et le tourisme. Il faut créer des emplois et de la valeur ajoutée. Tout cela dans une dynamique Nord-Sud qui témoigne d'un esprit de solidarité francophone. Pour que cela fonctionne, à nous d'offrir un cadre des affaires plus attirant, avec de la sécurité juridique, des incitations fiscales et douanières. C'est ce que nous avons fait en élaborant notre Code minier.
Quels sont les besoins d'investissement de Madagascar ?
Nous avons fait des simulations et évalué nos besoins entre 10 et 20 milliards de dollars dans les années qui viennent. Cela se ferait par étapes, bien entendu, mais ces montants permettraient d'avoir des programmes d'investissement dans tous les secteurs. Nous aurons une conférence avec nos investisseurs et bailleurs de fonds en décembre.
Y a-t-il des secteurs prioritaires ?
Environ 75 % de la population travaille dans l'agriculture. C'est une activité de subsistance, tout est archaà¯que. Il faut l'orienter vers le marché avec une augmentation de la productivité, en intégrant les nouvelles technologies. Madagascar peut devenir le grenier de l'océan Indien, une zone en déficit de produits agricoles. Nous importons encore du riz alors que c'est la denrée de base des Malgaches ! Il faut aller vers l'agrobusiness, mais l'énergie, le développement d'infrastructures, le tourisme et les mines sont aussi des secteurs très importants.
Comment élargir l'assiette fiscale ?
Le taux de collecte fiscale est très faible puisqu'il était inférieur à 10 % du PIB jusqu'à présent. Cette année, il sera supérieur à 10 %. Il a fallu mettre en place tout un système pour améliorer les recettes et installer une gouvernance. Grâce au dynamisme de l'économie, qui va croître de 4,1 % cette année, nous espérons voir l'assiette s'élargir. Il faut aussi transformer le secteur informel.
Virginie Robert, Les Echos
Yves Bourdillon, Les Echo