Procès - Noël en prison pour Andriamananoro
21/12/2016 |
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Le verdict du procès de l'ancien ministre sera connu le 27 décembre. Liberté provisoire rejetée, Augustin Andriamananoro passera Noël à Antanimora.
Le mardi 27 décembre, c'est le rendez-vous donné par le Tribunal de première instance (TPI) d'Antananarivo, pour sortir le verdict du procès concernant Augustin Andriamananoro, ancien ministre de la Télécommunication.
Sauf coup de théâtre donc, le vice-président du groupe des partisans de Andry Rajoelina (Mapar), passera la fête de la Nativité dans les quartiers de la maison d'arrêt d'Antanimora.
Les plaidoiries de l'équipe d'avocats de la défense durant les près de 4 heures d'audience n'ont pas fait sourciller le juge qui a refusé la demande de liberté provisoire pour l'ancien membre du gouvernement de la Transition.
Celui-ci subit les conséquences de sa présence à Soamahamanina, lors de la manifestation du 22 septembre. Une marche de contestation de l'exploitation aurifère dans cette commune rurale, qui s'est soldée par un affrontement entre les villageois et les forces de l'ordre.
Quatre chefs d'inculpation sont retenus contre Augustin Andriamananoro, dont le principal, d'après maître Andriamisetra Rabelaza, l'un des avocats de la défense, est « l'atteinte à la sûreté de l'État ».
De ce qui a été entendu durant l'audience d'hier, « la participation à une manifestation sans autorisation » fait aussi partie des objets de l'accusation.
Il est également imputé à l'ancien ministre « d'avoir payé les participants à la manifestation sans autorisation ». À cela s'ajoute l'incendie de broussailles et de pneus et entrave à la circulation.
Procédure
Des accusations réfutées en bloc par la défense qui, pour bétonner ses arguments, a appelé à la barre plusieurs témoins, essentiellement des habitants de Soamahamanina ayant participé à la manifestation du 22 septembre.
Les avocats du ténor du Mapar ont en plus demandé la diffusion d'une vidéo de la manifestation, toujours dans l'objectif d'innocenter leur client.
En face, l'accusation n'a pas pu faire mieux que de tout miser sur sa plaidoirie, afin de convaincre le juge de la culpabilité de l'ancien numéro un du département de la Télécommunication.
Durant le procès d'hier, les avocats d'Augustin Andriamananoro ont surtout tablé sur « les vices de procédures dont regorgent le dossier ». Des vices de forme qui les ont amenés à soulever « sept exceptions », à commencer par les circonstances de l'arrestation de l'ancien ministre. Celle-ci, selon la défense, ne tient pas compte des dispositions du code de procédure pénale, entre autres, de son article 102 qui prévoit « la notification et l'exhibition à l'inculpé » d'un mandat d'arrêt ou d'amener. Ce que les éléments de la gendarmerie ayant procédé à l'arrestation du vice-président de Mapar, le 10 décembre, n'ont pas fait.
« Le non-respect du droit à la défense » a aussi figuré parmi les exceptions soulevées par les avocats de l'ancien ministre Andriamananoro, hier. « À plusieurs étapes de cette affaire, le droit à la défense n'a pas été respecté. (... ) par exemple, nous n'avons pu avoir accès au dossier que ce matin [hier] juste avant le procès », a soutenu maître Andriamisetra. Les près de 3 heures de retard de l'audience d'hier n'ont alors pas été de trop pour les avocats de la défense, pour avoir une idée « sommaire » de ce qu'encourt leur client.
Prévu à 8 heures 30, le jugement d'Augustin Andriamananoro n'a démarré que vers 11 heures et quart. La raison en est que trois autres procès ont précédé celui de l'ancien membre du gouvernement transitoire. « En principe, rien que sur la base de ces vices de forme, le juge devrait prononcer la libération, sans hésitation, de notre client », soutient la défense qui déplore que le verdict n'ait pas été donné hier, et qu'il faille attendre le 27 décembre, alors que le sort des trois autres procès d'hier seront connus avant les fêtes de Noël.
Affluence monstre à Anosy
Guichet fermé aurait été le terme s'il s'agissait d'un évènement sportif ou culturel. Le procès d'Augustin Andriamananoro a, en effet, drainé une grosse foule. Parlementaires, membres du bureau national, militants ou simples sympathisants Mapar, ainsi que des habitants de Soamahamanina se sont donné rendez-vous au tribunal Anosy, pour assister au procès de l'ancien ministre.
Tous ont cherché à entrer dans la salle d'audience, au point que même les couloirs attenants à la salle 3 ont été bondés. Certains sont restés sur le parking et l'esplanade du palais d'Anosy, pour attendre l'issue du jugement. Lorsque le juge a décidé de remettre son verdict au 27 décembre, toute cette masse humaine a déboulé dans l'arrière cour du tribunal pour huer le véhicule pénitentiaire ramenant le vice-président du Mapar à Antanimora.
Source:Allafrica.com